Image extraite du film "Le Bel été", de Pierre Creton (2019) - JHR Films
Image extraite du film "Le Bel été", de Pierre Creton (2019) - JHR Films
Image extraite du film "Le Bel été", de Pierre Creton (2019) - JHR Films
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Plan large sur le Cinéma du Réel, une 43ème édition, en ligne, sous le signe du collectif, de la réinvention et du romanesque, où chaque territoire est exploré, avec les cinéastes Claire Simon et Pierre Creton, sa déléguée générale, Catherine Bizern, et la critique Charlotte Garson.

Avec
  • Pierre Creton, cinéaste
  • Catherine Bizern, déléguée générale du Cinéma du Réel
  • Charlotte Garson, rédactrice en chef adjointe des Cahiers du cinéma
  • Claire Simon, cinéaste

Ça fera un an, le dimanche 14 mars, que les salles de cinéma ont éteint leur projecteur pour la première fois depuis 1895. La cérémonie des César 2021 alternait entre triomphe de la fable comico-nihiliste d’Albert Dupontel, Adieu les cons, et atmosphère scatologique, funéraire et revendicatrice, a montré le désarroi et la colère de ceux qui font les films qui nous rassemblent. "Par les temps qui courent, le collectif, il n’y a que ça de vrai", comme l’a dit l’autre vainqueur de la soirée, pour son si bel Adolescentes, Sébastien Lifshitz. 

Une soif de cinéma 

Près de 8 mois sans cette expérience collective de partage des images, mais depuis le 12 mars, dans toute la France, des salles rouvrent, et des spectateurs assistent, gratuitement, et dans le respect des protocoles sanitaires, à des projections test de films inédits, avec questionnaire à la sortie. Cette opération de désobéissance civile portera-t-elle ses fruits ?

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En attendant, après une année de virtuel distancié, notre soif de réel est plus grande que jamais, et c’est avec bonheur que nous recevons dans Plan Large quelques-uns et unes de celles et ceux que rassemble le plus passionnant des festivals consacrés au cinéma documentaire, le Cinéma du Réel, qui a ouvert en ligne sa 43ème édition avec un film à valeur de manifeste, Nous, de Alice Diop, déjà auréolé du Prix du Meilleur film dans la section Encounters de la 71ème édition de la Berlinale

Image extraite du film "Nous", de Alice Diop, Prix du meilleur film dans la section "Encounters" de la 71ème édition de la Berlinale
Image extraite du film "Nous", de Alice Diop, Prix du meilleur film dans la section "Encounters" de la 71ème édition de la Berlinale
- Totem Films

Arpenter les territoires

La cinéaste Claire Simon, très active en ces temps confinés est notre première invitée. Un des trois films qu’elle a tournés cette année, Garage, des moteurs et des hommes, l’a ramenée dans le village de son enfance pour y filmer, comme son titre l’indique, ce qui est devenu son centre vital, le garage. Il est présenté en compétition au Réel dans la sélection française. Nous recevons également le cinéaste et ouvrier agricole Pierre Creton, sujet d’une vaste rétrospective organisée par le Festival. Sa déléguée générale**, Catherine Bizern,** sera notre guide dans les territoires qu’ils arpentent tous deux, de Claviers dans le Var à Vattetot-sur-Mer en Normandie. 

Ce que je retiens de cette sélection, ce sont deux choses essentielles : la notion de bienveillance comme le film de Alice Diop, comme l'ensemble de l’œuvre de Pierre Creton et tout comme "Garage, des moteurs et des hommes" de Claire Simon. Et à côté de cela, il y a un certain nombre de films qui sont dans un désir de repenser, de redonner une force pour vivre le futur politiquement en utilisant les textes du passé. Ce sont des films qui convoquent les luttes et les textes du passé pour (ré)inventer de manière collective, une nouvelle façon de vivre et regarder l'avenir.            
Catherine Bizern

Image du film "Garage, des moteurs et des hommes", de Claire Simon, en salles courant 2021
Image du film "Garage, des moteurs et des hommes", de Claire Simon, en salles courant 2021
- Claire Simon / Petit à petit Production

"Le cinéma documentaire est romanesque"

Garage, des moteurs et des hommes de Claire Simon est en compétition dans la sélection française. Claire Simon est allée filmer ce garage, ce moteur et ces hommes, à Claviers dans le Var. On lui doit déjà de nombreux et magnifiques documentaires et films de fictions, qui dialoguent souvent les uns avec les autres, de Récréations à Premières Solitudes, en passant par Les Bureaux de Dieu et le diptyque Gare du Nord/Géographie humaine. Des moteurs récalcitrants, du réel qui résiste : ce sont autant de petits suspenses, et de grands moments burlesques, qu'elle a filmé dans ce nouveau documentaire. 

C'était une grande joie et une grande découverte que de faire un film dans un endroit où je ne comprenais pas un mot de ce qui était dit. Aller à cette proximité là des mots. Et en même temps, je comprenais tout. Ça me touchait énormément de pouvoir aller à cette proximité là des mots, de faire le pari qu'il y a une histoire, que je découvre qu'une panne, c'est une histoire. C'est une question que je me pose tout le temps : "Comment on fait pour vivre, travailler, être passionné.e et intéressé.e ?".  Un monde s'est ouvert à moi. J'étais heureuse d'entendre parler des hommes qui parlent de trucs que je ne comprenais pas, c'était une sorte de voyage ailleurs. En tant que femme, ce monde masculin était fascinant. En filmant, tout à coup, j'arrive à témoigner comme une étrangère.          
Claire Simon

Pierre Creton, un cinéma de la circulation

La Cabane de Dieu est le dernier film en date de Pierre Creton (réalisé en 2020), le plus récent que l'on puisse voir dans la rétrospective de 30 films que lui consacre le Cinéma du Réel. Depuis plus de 30 ans, Pierre Creton est un cinéaste arpenteur de son propre territoire, auteur d'un cinéma singulier et centripète, tourné vers l'autre, une œuvre de rencontres humaines, animales, végétales et littéraires, de Va, Toto ! en 2017 à Le Bel Eté, en 2019, ou plus anciennement Maniquerville ou Secteur 545. 

Dans mon œuvre, par mon statut d'ouvrier agricole, j'ai essayé d'être au plus près des gens que je filme, de leur statut, de leur position sociale, et de filmer à partir de cette hauteur-là et non de celui de cinéaste.  Toujours avant de commencer un film, il a fallu faire un autre travail plus concret, dont on saisit mieux la finalité pour m'approcher d'eux, être avec eux.        
Pierre Creton

Image du film "Va, Toto !" de Pierre Creton (2017)
Image du film "Va, Toto !" de Pierre Creton (2017)
- JHR Films

La chronique de Charlotte Garson

En fin d'émission, la chronique de Charlotte Garson sur le film Le Sport favori de l'homme, de Howard Hawks, disponible en DVD et Blu-Ray (éditions Elephant Films)  ou comment le réalisateur de La Dame du vendredi et de L’impossible Monsieur Bébé tente la greffe de la Screwball Comedy des années 1930-1940 sur les très pop années 1960, avec Rock Hudson dans le rôle de Cary Grant, et Paula Prentiss dans celui de Katharine Hepburn. 

Image extrait du film "Le Sport favori de l'homme", de Howard Hawks (1963), disponible en Blu-Ray et DVD aux éditions Elephant Films
Image extrait du film "Le Sport favori de l'homme", de Howard Hawks (1963), disponible en Blu-Ray et DVD aux éditions Elephant Films
- 2020 - Universal Studios - Elephant Films

Les recommandations de Plan Large 

La rétrospective Pierre Creton est à voir en ligne, sur le site du Cinéma du réel, jusqu'au 21 mars. Pour prolonger l'expérience sont édités 3 livres-DVD qui contiennent 21 films de Pierre Creton : Habiter, Sur la voie et N’avons-nous pas toujours été bienveillants ? (une co-édition La Traverse et Les Editions de l’Œil). 

Le film Garage, des moteurs et des hommes est disponible sur France 3 Provence-Alpes-Côte d’Azur jusqu’au 12 mai.

L'ouvrage Pratique d’une utopie, utopies de la pratique, sur l’histoire des ateliers Varan, est édité aux éditions de l’Œil, sous la direction de Catherine Bizern. 

à réécouter

54 min

Extraits et musiques de films

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